Blog entrepreneur Retraite Diminution des séniors au chômage : pourquoi cette baisse est trompeuse?

Diminution des séniors au chômage : pourquoi cette baisse est trompeuse?

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Baisse du chômage senior : une fausse bonne nouvelle

Alors que le chômage des seniors semble reculer, la réalité du marché de l’emploi pour cette tranche d’âge demeure préoccupante. En 2023, le taux de chômage des 55-64 ans a atteint 5,4%, en baisse de 0,4 point par rapport à l’année précédente, selon la Dares, le service statistique du ministère du Travail. À première vue, cette baisse pourrait être perçue comme une bonne nouvelle, surtout en comparaison avec le taux de chômage global des 15-64 ans, qui s’établit à 7,4%. Cependant, un examen plus approfondi révèle des disparités et des indicateurs alarmants. Voici la réalité qui se cache derrière l’emploi des seniors en France.

Disparité entre seniors et actifs de moins de 55 ans

Si le taux de chômage des seniors semble relativement bas, l’écart avec le chômage des autres tranches d’âge s’amenuise au fil des ans. En 2003, cet écart oscillait entre -3,5 et -4 points, alors qu’en 2022, il n’était plus que de -2 points.

Le marché du travail semble donc évoluer vers une situation où les seniors, autrefois mieux protégés du chômage, sont de plus en plus touchés par la précarité.
Cette tendance intervient dans un contexte de réforme des retraites, qui repousse progressivement l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.

Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que le taux d’emploi des seniors reste nettement inférieur à la moyenne européenne. Alors que 58,4% des 55-64 ans étaient en emploi en 2023, ce taux se situe encore à 5,5 points sous la moyenne de l’Union européenne, qui est de 63,9%.
Bien que ce chiffre soit en progression, il reflète une stagnation par rapport aux autres pays européens, qui avancent à un rythme similaire :

Pays Taux d’emploi des 55-64 ans en 2023 Moyenne européenne
France 58,4% 63,9%
Union Européenne 63,9% 63,9%
France (60-64 ans) 38,9% 50,9%
France (55-59 ans) 77% 76%

Pour favoriser l’emploi, certaines entreprises favorisent les salariés de plus de 50 ans ce qui permet de développer l’emploi de cette tranche d’âge.

La France, à la traîne pour les emplois des seniors

L’une des explications derrière ce taux de chômage plus faible réside dans le fait que de nombreux seniors ne cherchent tout simplement plus de travail.
En 2023, une étude de la Dares a montré que 43,8% des personnes âgées de 60 à 64 ans étaient déjà à la retraite et chez les 55-59 ans, ce chiffre tombe à 2,3%, mais reste significatif.

La santé dégradée ou le handicap empêchent également une partie des seniors de continuer à travailler, avec des proportions qui varient de 1,4% à 9% selon l’âge.
Il ne s’agit donc pas d’un simple désintéressement pour le travail, mais bien souvent d’une incapacité à travailler qui impacte ces statistiques.

Les raisons de l’inactivité des seniors sont multiples et complexes :

  • Départs à la retraite anticipés
  • Problèmes de santé ou handicaps
  • Contrainte de prendre soin de proches ou d’assumer des responsabilités familiales
  • Découragement lié à l’inutilité perçue d’une reprise d’activité à l’approche de la retraite

Le faible taux de chômage des seniors n’est pas une preuve d’une meilleure insertion professionnelle, mais bien un indicateur du découragement et du retrait du marché du travail. L’incapacité de la France à améliorer la situation des seniors sur le marché de l’emploi est renforcée par ces éléments.

Si les seniors sont moins nombreux à se retrouver officiellement au chômage, c’est souvent parce que beaucoup d’entre eux se résignent à l’inactivité.
Cette situation, qui s’aggrave avec l’âge, pose de sérieux défis en matière de politique publique et de soutien à l’emploi des plus de 55 ans. Le sentiment général chez ces derniers est qu’une fois que l’on quitte le marché du travail, il est extrêmement difficile d’y retourner, surtout en l’absence de dispositifs adaptés.