Ces dernières années, le paysage du chômage en France a évolué, notamment avec l’apparition d’une nouvelle catégorie de demandeurs d’emploi. Selon une étude récente de l’Unédic, de plus en plus d’anciens apprentis s’inscrivent à France Travail, le successeur de Pôle emploi, après avoir terminé leur formation en alternance. Le contrat d’apprentissage, longtemps considéré comme un passeport pour l’emploi, ne semble plus offrir la garantie d’une insertion professionnelle immédiate. Cette tendance, renforcée par les réformes successives du marché du travail, bouleverse l’équilibre du système d’assurance chômage. Nous étudions ce nouveau profil chez France Travail et ses conséquences.
Sommaire
Montée en puissance des contrats d’apprentissage
Le nombre d’apprentis en France a connu une croissance importante depuis 2017 car ils ont été soutenus par la réforme de 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel et par les primes à l’embauche mises en place pendant la pandémie.
Cette augmentation a presque triplé les entrées en apprentissage et en 2022, plus de 850 000 jeunes ont opté pour ce mode de formation. Pourtant, tout ne se passe pas comme prévu pour une partie d’entre eux et en 2023, 165 000 jeunes sortis de contrats d’apprentissage ont ouvert des droits au chômage.
Deux phénomènes expliquent cette hausse :
- 108 000 jeunes ont terminé leur apprentissage sans trouver un emploi
- 57 000 ont vu leur contrat se rompre prématurément
Cette tendance s’est renforcée depuis 2019, année où l’on ne comptait que 70 000 ouvertures de droits pour ces mêmes profils. Avec la fin de certaines aides à l’embauche, entrée en vigueur en mai 2023, il est probable que le nombre de contrats d’apprentissage continue d’augmenter, intensifiant ainsi le nombre d’inscriptions à France Travail.
Si vous êtes sans emploi, vous pouvez estimer le montant de vos allocations chômage très facilement à l’aide du simulateur France Travail et ainsi connaitre votre future indemnité.
Part significative des nouveaux chômeurs
Les statistiques de l’Unédic montrent que les anciens apprentis représentent désormais 7,80 % des nouveaux allocataires de l’assurance chômage, contre seulement 2,80 % en 2019.
Ce phénomène est particulièrement marqué chez les jeunes diplômés de niveau bac+3 et au-delà, dont les effectifs inscrits à l’assurance chômage ont quintuplé depuis 2018.
La répartition des nouveaux chômeurs selon leur niveau de diplôme est la suivante :
Niveau de diplôme | Proportion d’apprentis entrant à l’assurance chômage |
---|---|
Bac+2 | 15% |
Bac+3 ou 4 | 20% |
Bac+5 ou plus | 19% |
En moyenne, les droits ouverts par ces jeunes s’étendaient sur 580 jours entre 2018 et 2022, soit une durée théorique de 19 mois. La réforme du 1er février 2023 a réduit cette période de 25 % pour les nouveaux inscrits, modifiant ainsi les perspectives d’indemnisation.
Explosion des dépenses pour indemniser ces jeunes chômeurs
L’un des effets collatéraux de cette augmentation des inscriptions à France Travail réside dans les coûts de l’assurance chômage. En 2023, les anciens apprentis percevaient en moyenne une indemnité journalière de 25 euros, soit environ 750 euros par mois. Bien que ce montant reste inférieur à celui perçu par les autres chômeurs (1 200 euros par mois), il a néanmoins progressé de 34 % en cinq ans.
Les dépenses engagées pour indemniser ces ex-apprentis ont également suivi une trajectoire ascendante. Le tableau ci-dessous détaille l’évolution des montants versés au titre de l’assurance chômage pour ces jeunes :
Année | Dépenses liées à l’indemnisation des ex-apprentis |
---|---|
2019 | 308 millions d’euros |
2023 | 770 millions d’euros |
Entre 2019 et 2023, les dépenses ont ainsi été multipliées par 2,5, atteignant 770 millions d’euros et si cette somme ne représente que 2 % des dépenses totales de l’assurance chômage, elle témoigne d’une dynamique qui pourrait perdurer, accentuant encore davantage la charge financière pour le régime d’assurance.
Le profil des jeunes demandeurs d’emploi issus de l’apprentissage soulève des questions importantes quant à la capacité du système à accompagner ces jeunes dans leur transition vers le marché du travail, dans un contexte où l’apprentissage n’est plus toujours synonyme d’emploi garanti.
Source : https://www.unedic.org/publications/apprentissage-et-assurance-chomage-elements-de-suivi
Plume aguerrie spécialisée dans les enjeux d’entreprise et la retraite, elle éclaire nos lecteurs avec ses analyses profondes sur Passion-entrepreneur.com.